La chronique d’Arnaud-Louis Chevallier: Denis Bortek Au Supersonic

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Je m’intéresse à tous les arts visuels, qu’il s’agisse de peinture, de dessin, de photographie, de sculpture. J’y porte d’autant plus d’intérêt que j’ai toujours eu des problèmes de vision et que je connais la valeur de ce sens essentiel qu’est la vue.

Mais je m’intéresse aussi à la musique.

La musique m’a d’ailleurs fait vivre indirectement pendant un temps puisque lorsque je dirigeais les 120 Nuits, mes clients étaient, certes, souvent heureux de découvrir les différentes œuvres qui y étaient exposées chaque semaine, sélectionnées par Xavier Veilhan, mon directeur artistique de l’époque qui est devenu depuis un artiste mondialement connu, mais ils venaient avant tout pour écouter de la musique.

Dans la première moitié des années 1980, la techno n’existait pas encore et le rap, en France, restait complètement confidentiel. Dans les boites de nuit parisiennes, trois mouvances s’affrontaient : les amateurs de rock qui fréquentaient les Bains-Douches, le Rex, le Bus Palladium, le Rose-Bonbon, le Gibus ou les 120 Nuits, les danseurs de funky et de disco qui allaient au Palace et à la Scala (futur VIP Room) et les passionnés de musique exotique qui optaient pour les rythmes africains du Tango, les soirées salsa ou les chachachas endiablés du Royal Lieu.

Après des décennies de grande pauvreté créative, la capitale renouait avec son passé de ville lumière des années 1930, avec un public jeune et bigarré qui aimait la fête et la débauche. Même au niveau des radios et des télévisions, à côté des variétés ringardes comme Début de soirée ou Peter et Sloane que les médias se complaisent à exhumer aujourd’hui, de nouveaux artistes vraiment intéressants se sont progressivement imposés jusqu’à devenir l’emblème d’une véritable prise du pouvoir culturel par la jeunesse. C’est ainsi qu’à côté des Rita Mitsuko et d’Alain Bashung qui ont dominé le Top 50 dans les années 1980, trois groupes, à mes yeux, ont vraiment marqué l’époque à la fois par leur esthétisme et par ce qu’ils avaient à dire. Il s’agit de Métal Urbain, de Taxi Girl et de Jad Wio.

Je rencontre Denis Bortek, le chanteur de Jad Wio à un vernissage. Il m’invite au concert qu’il donne au Supersonic, à Paris, au 9 rue Biscornet. Il s’agit d’une petite salle en V, soignée et conviviale, où on bénéficie d’une réelle proximité avec les artistes. J’arrive tôt. Je croise Denis qui s’en va prendre une légère collation avant de jouer. L’espace se remplit d’un public à 50% féminin, ce qui est notable pour un concert de rock. Je bois une bière, discute avec quelques personnes que je connais, m’attarde devant le stand des articles connexes au concert où trône en bonne place le dernier double vinyle de Jad Wio intitulé « Cadavre Exquis ».

Dans une ambiance bon enfant, Denis monte sur scène et, après quelques ultimes réglages, entame son tour de chant. Loin de l’univers fétichiste et délicieusement déviant de Jad Wio, il se présente sobrement habillé, tout en gardant, évidemment, sa touche d’élégance de dandy patenté. Il joue des morceaux de son groupe, mais aussi des reprises de Marquis de Sade, d’Octobre ou de Lords of the New Church, devant un public conquis et de plus en plus prêt à danser. Pour certains morceaux, il est rejoint sur scène par Bat Kat ou par Vox. A la fin du concert, on commence à pogoter gentiment. On pourrait presque imaginer qu’on a franchi une faille spatio-temporelle et qu’on a rajeuni de trente ans.

 NudeoExpo4 Exposition Paris Art Erotique Nu BDSM Fetichisme Dessin Peinture Performance Photographie Sculpture Tatouage EroticCrédit Arnaud-Louis Chevallier

Les occasions sont rares de faire la fête en ce moment. L’achat de « Cadavre Exquis » en est une.

« Cadavre Exquis » par Jad Wio en vente sur https://www.jadwio.fr