La chronique d’Arnaud-Louis Chevallier: Visite de l’exposition Les 5 jours de l’objet extraordinaire

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Le Carré Rive Gauche est une association à but non lucratif qui regroupe un peu plus de soixante-dix antiquaires et marchands d’art situés entre le quai Voltaire, la rue des Saints-Pères, la rue de l’Université et la rue du Bac, en plein cœur du VIIème arrondissement de Paris. Trois évènements sont organisés chaque année : un en juin intitulé « Les 5 jours de l’objet extraordinaire », un en septembre nommé « Collections » et un fin novembre, appelé « Carré des arts ».

Le VIIème arrondissement est l’un des plus chics et des plus chers de Paris. Je vais donc au vernissage, dans une tenue sobre et distinguée, à la recherche de ce fameux objet extraordinaire, comme s’il s’agissait d’un jeu de piste. Sur place, je remarque d’abord un magnifique magasin de meubles contemporains de collection, dans des tons ocres et beiges, rue de Verneuil, où on m’offre du champagne. Je tourne dans la rue de Beaune où pratiquement toutes les boutiques participent à l’évènement. Je bifurque rue de Lille où je rentre chez un antiquaire, attiré par plusieurs tableaux orientalistes de toute beauté ; je descends au sous-sol et découvre, émerveillé, une caverne d’Ali Baba, avec en particulier des appliques en forme de bras tenant une torche comme dans le film « La Belle et la Bête » de Cocteau. Je discute avec le propriétaire pour savoir si ce sont ses appliques qui ont influé sur les décors du film ou si c’est le contraire. Il n’en sait pas plus que moi et m’offre une coupe de champagne. Je repars et m’arrête chez une antiquaire de la rue des Saints-Pères pour y admirer deux tentures chinoises en soie du début du XIXème siècle dans un remarquable état de conservation ; plusieurs jeunes femmes sont chargées de l’accueil des visiteurs et on m’y invite à boire une coupe et à goûter au pain-surprise. Je me dirige ensuite quai Voltaire où je m’arrête chez un antiquaire qui expose un meuble en parfait état, réalisé par André-Charles Boulle lui-même. Je discute avec l’une des assistantes qui m’offre une flute de champagne ; on parle des superbes mappemondes en bois également en vente, et de mes voyages en bateau.

Au fil de mes pérégrinations, je retrouve avec plaisir Natan, Jean-Pierre, Agnès ou Walter, avec qui, il y a 40 ans nous étions déjà des habitués des vernissages. Nous faisions, à l’époque, partie de ce qu’on appelait « les branchés ». Dans les années 80, nous étions bienvenus partout car notre seule présence donnait au lieu ou à l’évènement que nous étions en train de fréquenter, le caractère d’être « à la mode ». Ça n’était pas illégitime : au cours de cette décennie, la mouvance de « jeunes gens chics » à laquelle nous appartenions et dont nous étions contributeurs actifs, s’est imposée partout : dans la musique, la peinture, le cinéma, la mode, la littérature, la photographie, le journalisme, la bande dessinée et même la finance… Je rencontre également la nouvelle vague des habitués des vernissages : Philippe, Myriam, Thierry, Sibylle, qui portent le même esprit de fête que nous avions.

Mais les temps ont changé. Le monde s’est fracturé en petites castes où chacune d’entre elles a peur des autres. Les personnes fortunées rechignent maintenant, pour la plupart, à fréquenter la plèbe à laquelle, à tort ou à raison, nous sommes assimilés. A côté des galeries où nous sommes élégamment accueillis ainsi que je l’ai décrit plus haut, il y a des échoppes où on préfère l’entre-soi et où on nous toise comme, -au mieux- des rustres ou -au pire- des délinquants potentiels. Je les laisse à leur petit monde sans joie car seul le mélange apporte créativité et splendeur.

Je poursuis ma quête du Graal, celle de mon objet extraordinaire de l’année. J’aperçois de loin Rachida qui est venue en voisine. J’emprunte de nouveau la rue de Beaune et la rue de Lille et atterris à la 1831 Art Gallery où un bar à champagne a été installé sur le trottoir. Le magasin regorge de petits trésors. Dans la vitrine, trônent deux personnages de « Lego » de 35 centimètres de hauteur. Ils sont en céramique, blancs, sexués et colorés au niveau des poils. C’est un homme et une femme. A une époque d’asexualité et d’épilation absolue, c’est un acte de résistance qui doit être salué. C’est l’œuvre de Thierry Lancelot, un artiste céramiste né en 1967 qui commence à bénéficier d’une côte intéressante. Les deux personnages sont opportunément intitulés « Adam et Eve ». Je suis content, j’ai finalement trouvé non pas un, mais deux objets extraordinaires.

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Photo Arnaud-Louis Chevallier

1831 Art Gallery, 6 rue de Lille, 75007 Paris, expose « Adam et Eve » de Thierry Lancelot
jusqu’à ce que l’œuvre trouve acheteur.