La chronique d’Arnaud-Louis Chevallier: Exposition «Planet Claire» à l’Atelier des Vertus – Exposition collective «Body» à la galerie Kiff et Marais -Alexis Olin à la galerie ArtVerse

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Nous sommes le 1er mai. Je délaisse les manifestations et les kiosques de vendeurs de muguet car il y a beaucoup de vernissages, tous situés dans le troisième arrondissement, autour de la rue des Vertus où se trouvait l’ancien Bleu Nuit. C’était le quartier général des rockers dans les années 80 mais il a été détruit depuis. C’est comme si l’esprit de fête y était entretenu par les mânes des artistes et musiciens aujourd’hui disparus, de Jacno à Guillaume de Modern Guy, ou de Laurent Sinclair à Jaimie Reid qui fréquentaient assidument le bar et le restaurant, devenus mythiques depuis qu’on les a rasés.

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Je commence ma tournée par l’exposition « Planet Claire » à l’Atelier des Vertus, 6 rue des Vertus, pratiquement en face de l’immonde bâtiment qui a été construit à la place du Bleu Nuit. Le lieu est composé d’une petite pièce où sont régulièrement organisées des performances. Je rencontre l’artiste, Jean de Lardemelle, qui propose une jolie collection d’œuvres aux techniques mixtes (peinture sur papier, collages et dessin), essentiellement en petit format, aux couleurs acidulées. Elles sont toutes inspirées par les morceaux du groupe B52’s dont le plus célèbre donne son nom à l’exposition.

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Il faut dire que Jean de Lardemelle a été DJ à Paris. Il a travaillé avec de nombreux organisateurs de soirées que je connais : Numa Roda-Gil, devenu lui aussi peintre depuis et dont j’ai parlé lors d’une précédente chronique, Albert de Paname ou encore Serge Kruger. Le style de Jean de Lardemelle est festif et précis. Il restitue un arrière-goût de l’insouciance et de la légèreté des années 80. A la demande générale de ses visiteurs, il nous met quelques disques : Planet Claire des B52’s, bien sûr, mais aussi le magnifique Re-bop de Marie et les Garçons, que mon frère et moi écoutions en catimini, après minuit, dans l’éphémère émission d’Alain Maneval, « Pogo », sur Europe n°1 en 1977.

J’arrive à la galerie Kiff et Marais, au 17 rue des Gravilliers, ma deuxième étape de la journée, à quelques dizaines de mètres de la première. J’ai plaisir à voir que ce lieu que j’avais pensé être provisoire est finalement toujours là, proposant de nombreuses expositions sur de très courtes durées. Profitant de la chaleur du moment, les organisateurs ont disposé une banquette à l’extérieur, juste devant l’entrée. L’hôtel est donc devenu une galerie, et le morceau de Marie et les Garçons continue de m’accompagner.

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A l’intérieur, on peut admirer l’exposition collective « Body ». Je salue Raphaël Kessler qui expose ses œuvres constituées de plusieurs de ses photographies en noir et blanc qu’il a brulées partiellement et avec soin pour suivre les contours de certains des personnages qu’il a immortalisés. La partie manquante est remplacée par un miroir, ce qui permet au visiteur de rentrer dans la photographie elle-même. Juste à côté de lui, Virginie Tarin expose ses photographies en noir et blanc de jeunes femmes dont elle a préalablement peint le corps, sublimant ainsi leurs formes avec sensualité. Leur anatomie devient volute et s’élève dans une bouffée de désirs. Et l’éphémère se fige pour l’éternité.

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Je poursuis mon périple en m’éloignant de la rue des Vertus, mais comme poussé par une force supérieure, je reviens inexorablement à proximité de mon point de départ, et j’atterris à la galerie ArtVerse au 5 bis rue de Beauce où débute l’exposition de l’artiste ukrainien Alexis Olin.

La galerie a la particularité d’exposer des œuvres sur support classique mais aussi sur support numérique. Je discute avec la directrice de la galerie, Grida, qui est coréenne, puis avec le curateur de l’exposition. Il m’explique que l’unicité de chaque tableau numérique est garantie par la blockchain, sur le même principe que les monnaies virtuelles. Nous échangeons sur les avantages et inconvénients du numérique par rapport au support traditionnel. A part d’être « moderne », j’y vois surtout l’intérêt de pouvoir associer du son ou de la musique à l’image et de pouvoir la faire évoluer selon des critères définis par l’artiste. En revanche, cela nécessite d’avoir un support adéquat, ce qui est un surcoût par rapport au prix de l’œuvre, avec le risque d’une technologie qui peut devenir obsolète. Nul ne sait lequel de ces supports permettra de prolonger l’œuvre de l’artiste après sa mort, ce qui est pourtant l’objectif de toute création artistique. Nous sommes d’accord pour conclure que c’est seulement dans plusieurs décennies qu’on pourra y voir plus clair.

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Au rez-de-chaussée de la galerie, on trouve les œuvres sur support classique. Je m’arrête devant la peinture intitulée « Edge of Control » qui représente une jeune fille bleue aux cheveux rouges à côté d’objets riches de symbole, dont certains semblent en suspension. S’agit-il de la résurgence de souvenirs ? On entre dans une nouvelle dimension, où tout semble flotter dans une atmosphère apaisée mais où rien ne se passe. Les couleurs sont douces et semble envelopper un long rêve tranquille, sans heurs et sans imprévu. Au sous-sol, les œuvres numériques irradient par leur luminosité. Elles pullulent de références et de symboles. Je trouve leur rendu irrésistiblement attirant. Je suis entrainé vers « Matisse’s Ferrari » qui me rappelle l’obsession qu’avait mon directeur artistique aux 120 Nuits, Xavier Veilhan, devenu depuis artiste mondialement reconnu, pour les Ferrari et leur couleur rouge. Couleur que l’on retrouve ici sur les personnages qui dansent autour du véhicule. Ont-ils trouvé le Nirvana ?

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Je sors de la galerie. Je tourne dans la rue de Bretagne et prends la rue Réaumur. Je passe devant l’entrée de la rue des Vertus. J’entends comme une vague plainte de sirènes au loin. Elles m’observent, assises sur leur banquette céleste. Est-ce Muriel, Delphine ou Stéphanie qui, dématérialisées, flottent dans les airs comme les créatures de Virginie Tarin ? Elle se souviennent de moi et regardent impuissantes le monde dont je fais encore partie. Elles sont dans une autre dimension, sans douleur, sans angoisse, sans surprise, mais également sans plaisir, sans humour et sans exaltation. Tout est calme et morne. Les joies terrestres ont laissé place à une lente évolution monotone, sans éclat et sans couleur… Finalement, les morts ont la vie dure.

 

Exposition « Planet Claire » jusqu’au 31 mai 2025
à l’Atelier des Vertus, 6 rue des Vertus, 75003 Paris

Les œuvres de Raphaël Kessler et Virginie Tarin de l’exposition « Body » sont visibles respectivement sur https://www.raphael-kessler.fr et https://www.virginietarin.com

Alexis Olin jusqu’au 14 mai 2025, à la galerie ArtVerse, 5 bis rue de Beauce, 75003 Paris