La chronique d’Arnaud-Louis Chevallier: «Entre les silences, nous tissons» à l’Instantanée galerie-Umcebo – «Malkia, femmes de Tanzanie» à la galerie éphémère du Comptoir des Voyages – Lancement de «Bhoutan : portrait d’un royaume» – Eloïse Valli au pop-up Pepeuf

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Il y a une vingtaine d’années, j’ai subi un triple pontage, mes artères s’étant bouchées sous l’effet conjugué du diabète, des fêtes et vernissages intensifs et de l’abandon progressif du pogo que je dansais frénétiquement jusqu’au bout de la nuit lorsque je dirigeais des discothèques.

La médecine fait des prouesses. Malgré l’inconfort du réveil après l’opération, où on est sanglé, couvert de tuyaux et à la merci d’un aéropage de médecins, j’ai survécu. Je me considère depuis comme un miraculé et je m’efforce de profiter encore plus de la vie à pleines dents. Quand j’ai lu sur le compte-rendu d’opération que mon cœur avait été arrêté pendant une heure et demie, je me suis dit qu’aucun des tracas qui agitaient mon existence jusqu’alors n’avaient vraiment d’importance. J’ai pris beaucoup de distance vis-à-vis des soucis quotidiens.

Depuis, je suis astreint à des examens médicaux réguliers et je dois prendre une palanquée de médicaments le matin, le soir et à chaque repas. Et pour maitriser mon diabète, il faut que je marche. Il faut que je marche au moins une heure vingt chaque jour et, si possible, plus de deux heures.

Les vernissages sont, pour moi, une partie de la solution. J’y vais à pied dès que c’est possible. Je choisis de visiter des lieux suffisamment peu distants pour qu’on puisse marcher de l’un à l’autre. S’il le faut, j’affronte le vent, le froid, la pluie… Je sais qu’au bout, j’aurai ma récompense avec des choses à voir, des gens à rencontrer et peut-être même quelque chose à boire. Je me fixe une obligation de moyens et pas de résultat. Et en déambulant sur mes deux jambes, je me laisse éloigner de mon trajet initial dès qu’une opportunité intéressante apparait.

C’est ainsi que je me retrouve à l’Instantanée galerie-Umcebo, au 102 boulevard Diderot dans le douzième arrondissement où a lieu le vernissage de l’exposition collective « Entre les silences, nous tissons » auquel se presse une foule de jeunes gens radieux. Les œuvres reflètent les regards croisés des artistes sur leurs origines et leurs héritages culturels. Je me faufile à l’intérieur de la salle noire de monde et m’enthousiasme pour la photographie d’une jeune fille voilée et tout en blanc de l’artiste Yaziame et intitulée « Woman with an A ».

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Les visiteurs se reflètent sur la vitre qui protège l’œuvre et lui donnent une dimension supplémentaire, permettant de confronter le monde actuel dans lequel évolue Yaziame et ses origines. La bi-culturalité est une chance et une ouverture d’esprit. J’en suis convaincu, moi qui suis parisien et d’origine antillaise.

Je traverse la Seine pour découvrir l’exposition « Malkia, femmes de Tanzanie » dans une galerie éphémère au sein des locaux du Comptoir des voyages, au 12 rue Saint-Victor dans le cinquième arrondissement. Je trouve l’initiative de cette entreprise tout à fait remarquable et le choix de l’artiste qu’elle présente, à savoir la photographe Delphine Blast, particulièrement pertinent.

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Elle nous propose un voyage en Tanzanie, où elle a effectué plusieurs séjours ces trois dernières années, avec deux séries de photos, l’une, intitulée « Kanga Tales » sur le traditionnel tissu Kanga dont les femmes se recouvrent de la tête aux pieds et l’autre, Boxing Queens », sur des jeunes filles qui s’initient à la boxe. Elle m’explique que le Kanga est porteur de message et que les motifs ou les inscriptions qu’il contient ont toujours une signification. C’est une façon pour celles qui le portent de revendiquer des valeurs qui leur correspondent.

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A quelques centaines de pas de là, il y a le lancement à la librairie-galerie La Hune, au 16 rue de l’Abbaye, dans le sixième arrondissement, du très beau livre paru aux éditions du Pacifique « Bhoutan : portrait d’un royaume ». Il s’agit d’une œuvre collective avec de magnifiques photographies.

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Je profite de l’ambiance festive de l’événement pour regarder les autres photographies qui sont exposées dans la galerie. J’apprécie le « Golden Profile » d’Alfredo Sanchez qui met en scène la superbe tête d’une jeune femme noire coiffée d’un châle doré. C’est comme si mon voyage en Tanzanie commencé rue Saint-Victor se poursuivait ici.

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Juste à côté, je m’arrête devant la photographie de Robbie McIntosh opportunément intitulée « Tutto passa » (tout passe). Ce vieil homme pourrait être moi, avec ses joies éphémères et ses fêlures, décati, mais pas si malheureux, tranquille, au soleil. Lui aussi doit s’estimer être un survivant. Et son tatouage est à l’emplacement exact de la cicatrice de mon pontage.

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Je termine ma course à quelques pâtés de maison de chez moi, à l’événement « Pepeuf » dans un pop store, au 36 rue Etienne Marcel, dans le deuxième arrondissement. Au sous-sol, Eloïse Valli y expose ses toiles représentant des cœurs en grand format. Elle m’explique toutes les fonctionnalités de cet organe et toute la poésie qui s’en dégage. Il est évident que je suis convaincu de tout ce qu’elle me dit.

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Je pense à toutes ces années de vie supplémentaire que j’ai obtenues et espère qu’il y en aura encore beaucoup d’autres, malgré mes douleurs de plus en plus nombreuses et la lente mais irréversible détérioration de mes facultés de quand j’avais vingt-cinq ans.

Charles de Gaulle le disait : « la vieillesse est un naufrage ». De vernissages en vernissages, je m’efforce de construire des radeaux de fortune pour pouvoir me sauver. Encore.

« Entre les silences, nous tissons » jusqu’au 31 janvier 2026
à l’Instantanée galerie- Umcebo, 102 boulevard Diderot, 75012 Paris,

« Malkia, femmes de Tanzanie » jusqu’au 20 décembre 2025
à la galerie éphémère du Comptoir des Voyages, 12 rue Saint-Victor, 75005 Paris

Lancement de « Bhoutan : portrait d’un royaume » aux éditions du Pacifique
et librairie-galerie La Hune, 16 rue de l’Abbaye, 75006 Paris

Eloïse Valli jusqu’au 5 janvier 2026 au pop-up Pepeuf, 36 rue Etienne Marcel, 75002 Paris